Diagnostiquer une tumeur du pancréas

Le pancréas est un organe profond dans l’abdomen, qu’on ne ressent pas. Cet organe a deux fonctions principales, la sécrétion de suc pancréatique servant digérer les graisses et les protéines, et la sécrétion hormonale d’insuline régulant le taux de sucre dans le sang. 

Les tumeurs du pancréas sont soit diagnostiquées à l’apparition de symptômes ou de complications de la tumeur, soit de façon fortuite lors d’un examen radiologique réalisé pour une autre indication. D’autres examens sont alors nécessaires pour les caractériser. En cas de lésion cancéreuse ou pré-cancéreuse, un traitement est nécessaire.

 

Les symptômes

  • Syndrome d’altération de l’état général : fatigue, perte de poids et perte d’appétit. Ce syndrome oriente vers un cancer,
  • Ictère (ou jaunisse) d’apparition progressive. L’ictère peut apparaitre en cas de gêne à l’écoulement de la bile. Cette situation peut apparaitre dans le cadre d’une tumeur de la tête du pancréas comprimant la voie biliaire principale. Il  débute par une coloration foncée des urines, une décoloration des selles, puis une coloration jaune visible au niveau des yeux et enfin au niveau de la peau,
  • Une douleur abdominale centrale, irradiant vers le dos.
  • Un diabète d’apparition récente peut parfois orienter vers une tumeur pancréatique. Il s’agit d’un excès de sucre dans le sang.   
  • Des selles grasses, collant à la cuvette, en lien avec une insuffisance de sécrétion de suc pancréatique dans le tube digestif. Ce symptôme peut orienter vers une dysfonction du pancréas.

 

Les principaux examens permettant d'explorer le foie 

  • L’échographie est un examen peu performant pour visualiser le pancréas. Néanmoins, en cas d’ictère (jaunisse) c’est un examen primordial, qui détecte de manière indirecte une tumeur de la tête du pancréas, en objectivant des canaux biliaires et une vésicule distendus. 
  • Le scanner : il permet une exploration de tout le pancréas et de sa vascularisation. Il permet également en cas de cancer de rechercher d’éventuelles métastases plus à distance. 
  • L’IRM : il s’agit d’un examen de référence, qui permet de mieux caractériser une tumeur pancréatique (solide, kystique, localisation, vascularisation etc). C’est un examen non irradiant
  • L’écho-endoscopie, est un examen réalisé sous anesthésie générale par un gastro-entérologue spécialisé. Il s’agit d’une échographie du pancréas réalisée à travers la paroi de l’estomac et du duodénum à l’aide d’un système endoscopique miniaturisée. Cet examen permet de caractériser de façon précise des tumeurs parfois petites, et de réaliser des biopsies (prélèvement de la tumeur) pour une analyse complète. 
  • Biologie : le bilan biologique permet de détecter des protéines sécrétées par des tumeurs (CA19-9, chromogranine A), les enzymes pancréatiques augmentant en cas d’inflammation pancréatique (lipase, amylase) et de vérifier l’absence de diabète ou de prédiabète (glycémie à jeun, hémoglobine glyquée HbA1C)

Si vous souhaitez de plus amples informations sur ces examens vous pouvez consulter les sites internet des équipes de gastroentérologie et de radiologie

 

Les nouveaux bilans dans le cadre des tumeurs pancréatiques

Les tumeurs du pancréas sont découvertes de plus en plus fréquemment de façon fortuite lors d’examens radiologiques réalisés pour d’autres maladies. Ces tumeurs pancréatiques, souvent asymptomatiques, sont parfois difficiles à caractériser par les moyens d’imagerie conventionnelle : scanner, IRM, écho-endoscopie. La biopsie réalisée sous échoendoscopie peut ne pas être faisable, soit être également non informative. Il faut alors discuter soit de réaliser une chirurgie, à risque de complication pour une tumeur se révélant bénigne à l’analyse définitive, soit de proposer une surveillance tous les 3 à 6 mois, au risque de retarder le traitement d’un potentiel cancer. 

De nouvelles modalités d’examen sont désormais disponibles en pancréatologie pour optimiser le bilan et aboutir à un diagnostic plus précis.

  • L’endomicroscopie confocale. Il s’agit d’une technique endoscopique permettant d’obtenir une vision des cellules d’une tumeur pancréatique, en introduisant sous contrôle écho-endoscopique une mini sonde au sein de la tumeur. Les images obtenues sont assez proches de celles d’un examen microscopique d’une biopsie. Cet examen est réalisé dans des centres spécialisés, l’analyse nécessitant un haut niveau d’expertise. Cet examen est particulièrement intéressant pour caractériser les tumeurs kystiques de diagnostic difficile.
  • Les examens de médecine nucléaire : PET DOPA, PET FDG, Octréoscanner. En début d’examen, un traceur radioactif couplé à une molécule  captée par des cellules spécifiques de l’organisme  est  injecté par voie intraveineuse. Le signal radioactif  est alors recueilli par une machine, et superposé aux images d’un scanner. Dans le cadre des tumeurs neuro-endocrines du pancréas, ces modalités d’examen permettent de parfois de confirmer le diagnostic, de vérifier l’extension de la tumeur aux ganglions ou à d’autres organes, et de préciser le grade d’agressivité de la lésion. 
  • La coelioscopie exploratrice guidée par la fluorescence, couplée à l’écholaparoscopie: dans le cadre des cancers du pancréas, une exploration chirurgicale en coelisocopie est parfois proposée, pour ne pas négliger des micrométastases du foie ou du péritoine, avant d’envisager un parcours de soin lourd associant chimiothérapie et chirurgie. Le protocole SLING (Staging Laparoscopy using Intraoperative ultrasonography and fluorescence imagiNG. Oba et al. Br J Surg 2021) associe une exploration de la cavité abdominale en coelioscopie, à l’aide de 3 à 5 incisions permettant d’introduire une caméra et différents instruments. Lors de la première phase des métastases superficielles sont recherchées en s’aidant d’un colorant fluorescent injecté 48h plus tôt, éliminé naturellement des tissus sains en quelques heures, et restant piégé au sein des tumeurs. Puis une échographie du foie est réalisé à l’aide d’un écho-laparoscope, appareil d’échographie miniaturisé posé directement sur l’organe. Ce protocole permet de détecter des micrométastases non visibles sur les examens conventionnels dans  10 à 30% des cas, et adapter le programme thérapeutique.
Contenu modifié le 31/03/22